released May 19, 2023

le naufrage

voici venue l'heure de l'adieu
c'est le naufrage mais tes grands yeux
entends que sourd le désespoir
les chants du cygne les au revoir

le bateau coule
ô bel oiseau
l'orchestre déroule
un fier tango
le bateau danse
vagues affamées
l'orchestre balance
un beau reggae

partons vaincus et le regret
ces rêves à faire qu'on n'a pas faits
nos luttes saines nos luttes folles
le bateau coule manque de bol

le navire sombre
lames à l'assaut
on danse en nombre
la calypso
coquille de noix
dans la tempête
le chef envoie
un air de fête
le bateau ivre
requin marteau
l'orchestre délivre
un hit techno

mais partons dignes dansons dansons
avec panache encore dansons
que nous importent les cruautés
rendons hommage à la beauté

le bateau crise
flots bleu topaze
on improvise
un air de jazz
le bateau prie
poupe vers le ciel
on sent venir
l'heure du gospel

le bateau tire
sa révérence
la musique fait
place au silence



les parfums du temps

viens sur la grève
viens le pied nu
et ton pied si décidé
semble dompter la houle
semble calmer la mer

viens dans la grève
viens le sein nu
et ton sein si souverain
semble animer la foule
semble égayer les cœurs

viens comme un éveil
car avec toi
résistance est beauté
résistance beauté

tu brises les lames
tu brises la honte
au vent de la barricade
au vent de la marée

tu brises les lames
tu brises la honte
au vent de la barricade
au vent de la marée
tu libères
les parfums du temps



l'ours

je regarde, je regarde
et je vois bien
je regarde, je regarde
et ne vois rien

rien qu'un ours perdu dans la ville
rien qu'un ours dans la ville perdue
rien qu'un ours perdu dans la ville
rien qu'un ours dans la ville perdue

qui regarde, qui regarde
et qui voit bien
qui regarde, qui regarde
et ne voit rien

que des hommes perdus dans la masse
que des hommes dans la masse perdue
que des hommes perdus dans la masse
que des hommes dans la masse perdus

des usagers en file
des travailleurs en rang
des consommateurs dociles
et des chômeurs rampants

qui regardent, qui regardent
et qui voient bien
qui regardent, qui regardent
et ne voient rien

rien qu'un ours griffant l'air de ses mains
et la faim qui corrompt les manières
la solitude vrille l'intestin
et la peur qui ronge les artères

des usagers en file
des travailleurs en rang
des consommateurs dociles
et des chômeurs rampants

je regarde, je regarde
je regarde, je regarde



la victime, le juge et le bourreau


je vais sortir du bagne
je vais quitter la tôle
je peux sortir du bagne
c'est drôle
j'ai dû aller au trou
payer de ma personne
j'ai purgé tout mon saoul
en somme
mon maton est dedans
mon ennemi de même la prison était en
moi-même
maintenant s'ouvrent à moi
des horizons nouveaux
maintenant s'offre à moi
le beau

fais taire la victime
fais taire le bourreau
fais taire la victime
le juge et le bourreau

avec mes vieilles hontes
j'ai allumé le feu
on a réglé nos comptes
adieu
mais tout ce temps perdu
à me trouver minable
temps où je me suis cru
coupable
j'ai fini par entendre
tu n'y étais pour rien
la voix disait sois tendre
c'est bien
j'ai fini par éteindre
les feux qui me cuisaient
j'ai fini par atteindre
la paix

fais taire la victime
fais taire le bourreau
fais taire la victime
le juge et le bourreau
fais taire la victime
fais taire le bourreau
fais taire la victime
le juge et le bourreau




les coqs


c'est un combat de coqs
dans lequel tous concourent
des coqs de basse cour
ou coqs à fière toque
au final ils sauront
qui sera parmi eux
le plus coq ou bien mieux
qui sera le plus con
que dire de ce coq-ci
qui boursicote en bourse
niant que cette course
prend le pain des contis
que dire de ce coq-là
dont la cupidité
jamais rassasiée
assurément tuera

à qui profite le crime, à qui profite la faim
à qui profite le crime qui perpétue la faim

voici un spécimen
modèle de vertu
qui ergots bien tendus
se bat contre la haine
le revoici pourtant
rentrant ses fausses larmes
négociant des armes
avec le plus offrant
le bon dieu est-il mort
et voici relookés
de tous nouveaux curés
avec plumes tout confort
ils prient ventre plein
le dieu c'est la finance
ils prêchent la patience
à tous ceux qui ont faim

à qui profite le crime, à qui profite la faim
à qui profite le crime qui perpétue la faim

il n'y a pas de hasard
pas de fatalité
il y a des coqs coupables
et vous les connaissez
ils tuent le portugal
ils asphyxient l'irlande
et l'afrique ils la vendent
et la grèce ils l'empalent
c'est un combat de coqs
dont je voudrais la fin
dont j'aimerais la fin
du reste je me moque
c'est un combat de coqs
dont nous voulons la fin
dont nous aurons la fin
du reste l'on se moque

et quand viendra la fin
de ces crimes pendables
viendra la paix durable
et ses beaux lendemains
et quand viendra la fin
de ces crimes pendables
nous nous mettrons à table
autour d'un coq au vin

voici la fin des crimes, voici la fin de la faim
voici la fin des crimes qui perpétuaient la faim
voici la fin des crimes, voici la fin de la faim
voici la fin des crimes qui perpétuaient la faim
voici la fin des crimes, voici la fin de la faim




plomb et plume

quand t'as l'air d'un chien bâtard
ta famille c'est le hasard
j'aimerais coincer ta peine
entre marteau et enclume
et j'attends que ma rengaine
t'adoucisse l'amertume
et j'attends que ma rengaine
te change le plomb en plume

quand t'as l'air d'un chien battu
les idées noires t'ont vaincu
j'aimerais curer ta peine
comme on se défait d'un rhume
et j'attends que ma rengaine
vienne dissiper ces brumes
et j'attends que ma rengaine
te change le plomb en plume

quand t'as l'air d'un chien errant
balloté aux quatre vents
déleste-toi de ta peine
allons décrocher la lune
et j'attends que ma rengaine
te ramène la fortune
et j'attends que ma rengaine
te change le plomb en plume



dans un arbre

dans un arbre
dans ses frondaisons
loin du marbre
j'entends ta chanson
dans ses branches
là je vois un nom
mon cœur flanche
ce nom c'est ton nom
près de l'arbre
s'ouvre la conscience
loin des marbres
des condoléances
on ne voit
pas plus ses racines
que l'endroit
de tes origines

ce qu'on voit
c'est là où tu chantes
c'est ta voix
verte et renaissante
dans un arbre
dans ses frondaisons
loin du marbre
j'entends ma chanson
c'est la tienne
qui vibre en mon for
mon sang saigne
sève couleur d'or

dans le marbre
de mes propres mains
je grave arbre
comme on prie un saint
comme on prie un saint



les passereaux

j'ai souvent l'honneur de recevoir la visite
de jolis passereaux quoique passant bien vite
ils me mettent en joie et notez le détail
à mon humeur ils plaisent et plaisent à mon travail

car en les contemplant manger dans la mangeoire
je constate que rien n'est livré au hasard
oui ces amis célestes taquinent le langage
et la vertu des vers les charge d'un message

sachez que ces oiseaux teintés de jaune orange
je veux à tout le moins en chanter les louanges
oui ces amies célestes s'appellent des mésanges
par la grâce des rimes elles deviennent mes anges
oui ces amies célestes s'appellent des mésanges
par la grâce des rimes elles deviennent mes anges